jeudi 18 décembre 2008

Entre charité, responsabilité sociale et avantages fiscaux

Entre charité, responsabilité sociale et avantages fiscaux

Concernant les entreprises, je me pose la question de leur rôle dans la société : philanthropie ou croissance économique?


par Diane Reinhard le 10-11-2008
source : les quotidiennes

C’est toujours avec un frisson de suspicion que je vois le mot Charité associé au mot Business, d’où interrogation devant l’accroche du dernier supplément de Bilan: Charity.

Par définition la charité n'est-elle pas La Vertu qui consiste dans l'amour de Dieu et du prochain, mais aussi dans le fait de faire l’aumône aux pauvres par pur plaisir de donner, dans l’anonymat?

Cependant philanthropie et responsabilité sociale se lient de plus en plus souvent aux mots avantages fiscaux, visibilité, gain d’image.

Fiscalité
Quand je lis que le système fiscal suisse en comparaison internationale est peu favorable au domaine de la philanthropie, je m’interroge sur les généreux donateurs. On ne donne donc plus une part de sa fortune par pure charité, mais pour payer moins d’impôts ? A ces fins en Suisse, les personnes physiques peuvent en moyenne déduire 20 % du revenu et les personnes morale entre 10 et 20% de leurs bénéfices, le sponsoring et toute autre dépense pouvant être associée au but commercial étant considérée comme charge commerciale, donc entièrement déductible.

Concernant les entreprises, je me pose la question de leur rôle dans la société : philanthropie ou croissance économique? Les bénéfices des sociétés doivent-ils servir à des dons pour suppléer au rôle de l’Etat? Ne doivent-ils pas plutôt servir à la formation continue, à l’investissement, à la création d’emploi, à la croissance et à la sauvegarde de l’environnement immédiat? En défiscalisant les dons, l’Etat n’encourage-t-il pas le détournement des bénéfices de leur utilisation première à savoir le développement économique durable?

Responsabilité sociale
Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les entreprises patriarcales assumaient leur responsabilité sociale, occupaient des personnes à capacité de travail réduite et assumaient pleinement le coût de ces emplois. Maintenant, les entreprises qui intègrent ces personnes, perçoivent des subsides de l’Etat pour compenser leur perte de productivité et ont droit à la Une des medias.

Je ne critique pas le fait que les entreprises utilisent les fonds de l’Etat destinés à l’intégration sociale, car ces mesures sont généralement temporaires et exigent, il est vrai, un engagement social sur le long terme. Ce qui m’attriste est le fait que ces entreprises doivent être portées aux nues.

Je m’interroge aussi sur les pistes données par Pascal Vuistiner, rédacteur en chef adjoint de Bilan, pour soutenir la philanthropie et le «charity business». En effet, toutes passent par une défiscalisation ou des subventions, joli discours de moins d’Etat.

Le beurre, l’argent du beurre et… la charité
Les entreprises et les personnes fortunées ont-elles vraiment besoin de mesures incitatives telles baisse d’impôt, visibilité dans les médias pour assumer leur responsabilité sociale ?
Etat, de grâce, sauve Swissair, sauve l’UBS et sauve la Charité! La vraie, la pure, bien sûr!

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