samedi 6 septembre 2008

Reconnaissance tardive de la femme compositrice par Pascale François


Sancta Cecilia, Guido Reni

Ne fréquente pas la femme musicienne,
de peur que tu ne sois pris dans ses rets.

(L'Ecclésiastique, IX, 4 ; IIe siècle avant J.-C.)

Aujourd'hui, les femmes occupent dans la vie musicale une place qu'on ne peut plus ni passer sous silence, ni minimiser, ni juger dilettante ou énigmatique. Elles font, en ce début de XXIe siècle, tout naturellement partie prenante des concerts d'avant-garde. Il suffit pour s'en persuader de remarquer la présence lors d'un festival de musique contemporaine comme Ars Musica de Betsy Jolas, Sofia Goubaïdulina, Kaija Saariaho,... Il est un fait que de nombreuses créations, considérées comme révolutionnaires et innovatrices dans la nouvelle musique, sont l'oeuvre de femmes ! Il n'en a pas toujours été de même, loin s'en faut.

Alors que les femmes de lettres, les poétesses sont connues depuis les temps les plus reculés, les compositrices, à de rares exceptions près et pas nécessairement à ce titre là (femmes troubadours, Hildegard von Bingen, Alma Mahler...) restent dans l'ombre. En effet, tout le monde connaît Madame de Sévigné. Qui connaît Elisabeth Jacquet de la Guerre, compositrice hardie qu'applaudissait le Roi Louis XIV ? Toutes deux ont évolué et brillé au même siècle.

L'absence des femmes se vérifie, en général, dans le monde artistique et scientifique : que ce soit en musique, en sculpture (Camille Claudel mise à part), en architecture, en philosophie, en biologie, en physique (hormis Marie Curie), en médecine, ou encore, dans l'histoire des découvertes géographiques, de l'exploration, des inventions... Mais revenons au sujet qui nous occupe.

Pourquoi cette division sexiste du travail musical ?

Pourquoi avoir réservé aux hommes la création, la composition et la direction d'orchestre et avoir cantonné les femmes dans le rôle de "servantes" de la musique, qu'elles soient joueuses d'épinette en famille, cantatrices ou "demoiselles" professeurs de piano ?

La compositrice passe pour une exception, une erreur de la nature, d'où cette citation du Dr Johnson Samuel, linguiste anglais du XVIIIe siècle :

"Une femme qui compose, c'est un peu comme un chien qui marche sur ses pattes de derrière. Ce qu'il fait n'est pas bien fait, mais vous êtes surpris de le voir faire".

Pascale François

source : http://www.lamediatheque.be/travers_sons/fc_02.htm

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