dimanche 23 mars 2008

Les régions rebelles reprises en main par Pékin

Les régions rebelles reprises en main par Pékin

Chine . Arrestations et renforts militaires rapportés par des témoignages. Ambiguïté sur un appel au dialogue et dissensions au sein de la communauté tibétaine en exil.

Ce sont des propos d’une rare violence qu’a prononcés, hier, Zhang Qingli, le responsable du Parti communiste chinois au Tibet, confirmant la dureté de la reprise en main des régions frappées par le mouvement de contestation de la semaine dernière. Appelant les responsables locaux à ne pas relâcher la pression, Zhang a martelé que Pékin menait « une lutte à la mort (…), une lutte intense de sang et de feu (contre) la clique du dalaï-lama ». Rapportées par le Quotidien du Tibet, les déclarations décrivent le dalaï-lama comme un « loup enveloppé dans une bure de moine » et un « monstre à face humaine, mais au coeur d’animal ». Une diatribe qui rappelle les heures les plus sombres de la révolution culturelle et tend à laisser peu d’espoir à un processus d’apaisement.

arrestations sommaires

Sentiment confirmé par le déploiement d’importants effectifs militaires dans les régions où ont eu lieu les troubles ; particulièrement dans la province du Sichuan, qui borde le Tibet et compte plusieurs districts peuplés de Tibétains. Dans toutes ces zones, plusieurs ONG de défense des droits de l’homme évoquent l’arrestation sommaire de centaines de personnes. La directrice du Mouvement des étudiants pour un Tibet libre, citée par l’AFP, va jusqu’à parler de « milliers » d’interpellations. Mais les autorités tibétaines en exil n’ont fait aucun commentaire ; Pékin s’en tenait hier à la reddition de 105 personnes contre une promesse de clémence à l’issue de l’ultimatum que les autorités avaient donné aux manifestants impliqués dans les violences et qui a expiré mardi à 23 heures.

L’organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a demandé aux autorités chinoises de publier les noms des personnes placées en détention et d’autoriser l’accès au Tibet à des observateurs internationaux. « Compte tenu des pratiques de torture des activistes politiques par les forces de sécurité chinoises, anciennes et décrites de façon détaillée, il y a tout lieu de redouter pour la sécurité des personnes récemment placées en détention », rappelle HRW. Le Club de la presse étrangère en Chine a fait état de 30 incidents recensés entre les autorités chinoises et les journalistes étrangers qui tentent de couvrir les événements liés à la crise au Tibet.

Or, si sur le terrain la situation est tendue, le climat répressif et le verbe martial, dans les coulisses quelques signes positifs se profilent. Le dalaï-lama s’est déclaré pour une reprise du dialogue avec le gouvernement chinois. « Nous restons engagés dans la poursuite du processus de dialogue afin de trouver une solution à la question tibétaine qui bénéficie aux deux parties », écrit-il dans un communiqué, se disant persuadé que la question tibétaine ne se résoudra pas par la violence d’un côté et par l’envoi de troupes de l’autre. Une position qui fait écho aux déclarations de la veille du premir ministre chinois, Wen Jiabao, qui, après avoir accusé le dalaï-lama d’avoir fomenté les troubles, l’invitait à des négociations à deux conditions qu’il a déjà remplies : qu’il ne soutienne pas l’indépendance totale du Tibet et qu’il renonce à la violence. Le premier ministre britannique, Gordon Brown, qui a eu hier un entretien téléphonique avec son homologue chinois, faisait aussi état de cette proposition de Pékin. Ce qui est assez loin des propos provocants de Zhang Qingli et du déploiement de troupes.

appel au calme du dalaï-lama

De l’autre côté, à Dharamsala, en Inde, lieu de son exil, le dalaï-lama a tenté de calmer le jeu au sein de ses propres rangs lors d’une rencontre avec les responsables de cinq organisations tibétaines radicales, dont le leader du Congrès de la jeunesse tibétaine (TYC), Tsewang Rigzin. Les dissensions persistent entre la jeunesse et la vieille garde des Tibétains en exil. Le Congrès de la jeunesse tibétaine (TYC) a fustigé lundi la position traditionnellement modérée du chef spirituel du bouddhisme tibétain, réclamant la poursuite des manifestations au Tibet jusqu’à l’indépendance et jugeant que la Chine ne « méritait pas » les jeux Olympiques.

Dominique Bari

source : L'Humanité.fr

http://www.humanite.fr/2008-03-20_International_Les-regions-rebelles-reprises-en-main-par-Pekin

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