mardi 29 janvier 2008

Le « krach » de l'UMP

source : http://www.marianne2.fr/Le-krach-de-l-UMP_a83213.html
Avec i>Télé, la chronique de Nicolas Domenach,
directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.

Le « krach » de l'UMP
C'est un dimanche sombre qu'à vécu hier l'UMP car les électeurs ont « partiellement » confirmé l'humeur mauvaise des sondés. L'électorat de droite en effet a commencé de se détourner du pouvoir alors que celui de gauche est mobilisé. C'est le premier « krach » du sarkozysme.

Un « sarkokrach » d'abord dans son propre fief, les Hauts-de-Seine, puisque dans cette circonscription où se tenait donc une législative partielle, le candidat de l'UMP, Jean-Pierre Schostek, a perdu 2 points alors que celui du PS, Philippe Kaltenbach, en gagnait 7 d'un coup ! ll est vrai que ce dernier bénéficiait de l'absence d'un représentant des Verts qui, en juin dernier, avait dépassé les 3 % des voix. Il n'empêche. Alors que la gauche est dans l'état de déliquescence que l'on sait, du moins sa direction, alors qu'elle persiste à s'abîmer dans des bisbilles internes, des querelles fratricides d'hommes et de femmes, la mobilisation de ses électeurs s'amplifie! La gauche vote socialiste en dépit des socialistes…
Pour preuve de ce mouvement, l'autre élection partielle qui se tenait à Chartres, en Eure-et-Loir, où la candidate PS, Françoise Vallet, est arrivée en tête avec un gain de 13 points par rapport à juin dernier, devançant ainsi le député sortant et maire de Chartres UMP, Jean-Pierre Gorges, qui, lui, en perd 4 ! Les cantons ruraux se sont tout particulièrement mobilisés pour la représentante socialiste qui, comme dans les Hauts-de-Seine, a mené une campagne très forte pour le pouvoir d'achat et contre Sarkozy. « Ca impacte », comme on jargonne aujourd'hui.

Ca fait en tout cas mal, très mal. « « Pendant que vous vous serrez la ceinture, Sarkozy se fait péter la sous-ventrière. » « Vous vivez mal, il fait la fête. » Les attaques font mouche. Sa récente correction d'image n'a pas eu d'effet. Les uns ressortent son « auto-augmentation de salaire vertigineuse », les autres « ses vacances de milliardaires », les autres encore « ses amours paillettes de star aux mœurs trop légères pour un chef d'Etat », et tous ont retenu cette phrase qui lui revient en boomerang : « Je ne peux pas puiser dans les caisses puisqu'elles sont vides ». En ajoutant : « Elles ne sont pas vides pour lui ». Sarkozy, « le président du bonheur pour lui-même » s'est donc fait le meilleur agent électoral de la gauche qui a désormais rodé sa thématique offensive de campagne : « un pouvoir de riche qui ne sert que les riches et ne tient pas ses promesses sur le pouvoir d'achat » alors que l'UMP ne trouve pas ses argumentaires ni ses marques.

« Quand on vante le bilan, le courage du gouvernement sur la réforme des régimes spéciaux, des retraites par exemple, se désole un membre du staff élyséen, on nous renvoie toujours aux retraites des petites gens qu'on n'a pas augmentées, contrairement à nos engagements, ou à la franchise médicale ou à la hausse de l'essence. On n'échappe pas au pouvoir d'achat ».

Alors dans l'état-major de l'UMP où l'on guettait ces résultats, on n'a pas été très surpris, mais le moral est en berne. On s'attend à ce que la perte de confiance sur la marché électoral se traduise par la perte d'au moins un député sinon des deux. D'autant que le Modem continue à réaliser des scores plus que respectables, 18 % dans l'Eure-et-Loir, 7 % dans les Hauts-de-Seine. C'est important non seulement pour Bayrou qui ne disparaît pas du paysage politique, contrairement à ce qu'espérait l'UMP, mais aussi pour la gauche qui peut bénéficier du report d'une bonne partie de ses voix pour les scrutins partiels comme pour les municipales à venir.

Chacun regarde ces deux circonscriptions avec cette échéance dans la tête. Si la poussée du PS se confirme au second tour, si elle est encore renforcée par l'apport bayrouiste, alors dimanche prochain sera vraiment un dimanche noir. La dynamique de victoire va passer à gauche. Sarkozy ne sera plus le chef magique, porte-bonheur, alchimiste moderne des succès électoraux. On est superstitieux en politique. Un chef ne saurait porter la poisse.

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